Depuis 2018, la Fédération Départementale des Foyers Ruraux 77 a développé une action en faveur des cafés associatifs. A l’origine, l’idée a émergé suite à la sollicitation d’un porteur de projet. Nous avions trouvé l’idée intéressante, c’est pourquoi nous avions organisé une première rencontre sur le sujet qui rencontra un certain intérêt auprès d’associations, collectivités et institutions… 3 ans plus tard, où en sommes-nous ?
Dès la première rencontre, le Café Asso de Dammartin-sur-Tigeaux est venu vers nous. Des cafés de l’Essonne (le P’tit Cerny à Cerny), de l’Yonne (le Barouf Café de Collemiers) et de Haute-Garonne (Lasserre-Pradère) ont participé aux premières journées organisées à Crisenoy et Féricy. Des cafés existants dans l’Aisne, sur Paris ou en Haute-Normandie nous ont contactés depuis. Rien qu’en Seine-et-Marne, nous avons accompagné plusieurs créations : Les Quinconces à Féricy, Le Notown Café à Nanteau-sur-Lunain, Le Barbacot à Bois-le-Roi, l’Artefact à Grez-sur-Loing… Certains ont des locaux, d’autres tentent d’exister en itinérance. Nous continuons à être en appui selon leurs demandes.
Un engouement qui ne faiblit pas
D’autres projets sont en gestation à Fontaine-le-Port, Thomery, Bombon et Moncourt- Fromonville. Nous avons rencontré chacune de ces structures, les avons accompagnées plus ou moins loin dans leur projet, sans compter d’autres cafés qui fonctionnent depuis plusieurs années de manière autonome en dehors de la Fédération et avec qui nous avons des liens. Au fil du temps, nous avons tissé un réseau qui ne demande qu’à se renforcer et se structurer.
« Ces lieux répondent à un véritable besoin en milieu rural »
La Fédération est désormais identifiée comme un acteur ressource dans ce domaine et nous essayons de conseiller et d’accompagner au mieux ce type de projet. De même, plusieurs autres fédérations du réseau Foyers Ruraux s’appuient sur notre expérience et nous cherchons à construire des coopérations au niveau national.
Une réponse à un besoin évident
Les cafés associatifs répondent aujourd’hui à un véritable besoin en milieu rural. Dans des territoires où les services publics ont été supprimés, où les commerces périclitent les uns après les autres, où même les écoles finissent par disparaître, les lieux de sociabilisation font défaut. Les cafés associatifs répondent donc à ce besoin de se retrouver pour créer du lien et imaginer des actions afin de répondre aux besoins de la population. Ces lieux de rencontres sont d’autant plus importants car la Seine-et-Marne accueille chaque année de nouvelles populations.
Un lieu d’éducation populaire
La Fédération défend la création de lieux qui soient gérés et animés par les habitants eux-mêmes dans une perspective d’éducation populaire. Rappelons que le premier acte de celle-ci consiste à se parler, et pour cela il faut des espaces pour le faire. Il ne s’agit donc pas juste de lieux de consommation, mais des lieux où on réfléchit, on apprend et on fait ensemble, dans la perspective de transformer le monde qui nous entoure. Plusieurs lieux mettent en place des temps d’échange et des initiatives autour de la transition écologique par exemple.
« Ce ne sont pas juste des lieux de consommation, mais des lieux où on réfléchit… »
Des freins et des leviers…
Malheureusement, les pouvoirs publics sont peu attentifs à l’émergence de ces nouveaux lieux malgré nos interpellations. De fait ces lieux tiennent la plupart du temps sur la seule bonne volonté des bénévoles qui les portent, et même parfois sur leurs deniers personnels. Aucune politique publique n’est aujourd’hui mise en œuvre afin de soutenir ce type d’initiative. Trouver des locaux est souvent la première marche qui fait que le projet va voir le jour ou non. Il est bien loin le temps où l’Etat et les collectivités finançaient la création de Foyers Ruraux ou de MJC ! Chacun se débrouille désormais avec ses propres moyens, seul, avec le soutien ou non de la commune. Les dispositifs existants tels que les aides de la Région IDF aux Tiers- Lieux nécessitent une technicité qui n’est pas à la portée des bénévoles. Les aides de la CAF au titre des Espaces de Vie Sociale sont des leviers en termes de financement de fonctionnement, mais ne règlent pas la question des locaux.
« Aucune politique publique n’est aujourd’hui mise en oeuvre afin de soutenir ce type d’initiative »
C’est pourquoi le rôle de la Fédération est indispensable tant par l’appui technique et les conseils qu’elle peut apporter dans ses domaines de compétences : montage de l’association, rédaction du projet, outils de gestion et de communication, mobilisation des habitants, etc. Notre objectif est désormais de structurer un réseau pour favoriser la coopération et donner plus de visibilité aux initiatives. Le chemin est long, mais nous avons la détermination.
Café associatif ou Tiers-Lieux ?
On entend aujourd’hui beaucoup parler de “Tiers-Lieux” dans les discours des institutions pour désigner ces nouveaux lieux. Dès la fin des années 1980, le tiers-lieu se définit, selon le sociologue Ray Oldenburg, comme « un lieu où les personnes se plaisent à sortir et se regrouper de manière informelle, situé hors du domicile (first-place) et de l’entreprise (second-place) ». Rien de nouveau sous le soleil pour ceux qui depuis longtemps connaissent les Foyers Ruraux, les Centres Sociaux, les MJC… qui, finalement correspondent à cette définition.
Le café c’est « le parlement du Peuple »
Par ailleurs, le mot « tiers-lieux » ne parle pas à grand monde et peut regrouper des projets fort différents. C’est pourquoi la FDFR77 axe son travail sur les cafés associatifs, qui quelque part sont des tiers-lieux… à ceci près qu’un « café » ça parle à tout le monde. Dans l’imaginaire populaire le café est le lieu où on se rencontre et où on se parle. C’est « le parlement du peuple » comme disait Balzac. Alors nous préférons parler de « cafés » associatifs notamment pour bien mettre l’accent sur cette dimension éducation populaire qui nous tient à cœur.
par Aurélien Boutet
Directeur de la FDFR77