Marie-Honoré est une étudiante en DUT Carrières sociales – Animation sociale et socioculturelle, en alternance à la Fédération des Foyers Ruraux 77. Cet article traite du bénévolat féminin, la question de l’engagement des femmes dans le milieu associatif étant au coeur de son mémoire.
Ma question de recherche est donc la suivante : l’engagement bénévole féminin en milieu rural : une continuité du travail gratuit lié au care* et/ou un espace d’expression pour les femmes ?
« C’est un peu le rôle des femmes depuis toujours. Tout ce qui touche la vie, le vivre-ensemble, c’était beaucoup les femmes hein. S’occuper des autres, prendre soin… »
Pour trouver des réponses à mes questionnements, j’ai réalisé des entretiens avec trois femmes bénévoles dans des associations adhérentes à la Fédération. Je les ai questionnées sur leur parcours, le sens qu’elles donnent à leur engagement, les particularités du milieu rural et les différences, si elles en constatent, entre les hommes et les femmes dans le bénévolat.
Suite à ces échanges et à des lectures sociologiques, j’ai pu dégager plusieurs pistes de réflexion :
Le village comme extension de la famille
Une bénévole mentionnait qu’en milieu rural, les projets associatifs se concevaient plutôt par affinités et par voisinage, avec un aspect « beaucoup plus familial ». Cela pourrait renvoyer les femmes bénévoles à un rôle de soin, presque maternel. Une d’elles m’a alors dit qu’un jeune la considérait comme la « maman du village ». Cela fait écho aux travaux de Nancy A. Naples qui parle d’activist mothering, « c’est-à-dire l’engagement des femmes au nom de leur fonction sociale de mères ».
« Kevin Neuhouser montra ainsi, grâce à une enquête menée dans une favela de Recife, que la favela peut être perçue comme une extension de la famille et les femmes peuvent alors considérer qu’il est de leur devoir de fournir à cette communauté ce qu’elles fournissent à leur famille. Il y aurait donc une extension du travail de care de la famille à la communauté, ce qui expliquerait que les femmes se mobilisent plutôt pour des enjeux locaux ».¹
Les instances démocratiques comme espace sécure pour les femmes
Les trois femmes interrogées m’ont parlé de la question du pouvoir. Selon elles, les instances démocratiques pourraient expliquer l’absence des hommes, parfois plus attirés par une reconnaissance sociale dans leur engagement.
« Il n’y a pas de pouvoir réellement tu vois dans ces associations.C’est peut-être aussi pour ça que les hommes ne s’impliquent pas […] T’as rien à gagner, en gros c’est un peu ça. »
Ce travail en collectif permettrait également de rassurer les femmes dans la prise d’initiative. La Fédération est par exemple dirigée par une triple co-présidence de femmes, encore un exemple de co-construction.
« Pour moi c’est pas forcément le collectif, mais c’est que là elles ont le droit. Là elles ont la place. Elles n’ont personne pour les pousser du coude, puisque normalement dans le bénévolat justement ce qui est génial c’est qu’il n’y a pas de nivellement. Il n’y a pas de meilleur bénévole. »
MH.
1) Rétif Sophie, Logiques de genre dans l’engagement associatif : carrières et pratiques militantes dans des associations revendicatives, 2013, Dalloz.
Cet article est issu du Frontailles n°62.
* Le Care ?
Le care est une notion de sciences sociales qui renvoie au domaine du « soin ». Prendre soin des autres, dans le monde professionnel et personnel. Cela implique souvent des tâches difficiles, peu valorisées et souvent occupées par des femmes comme un prolongement du travail domestique.